Une petite leçon d'histoire...

par Andrée Debauche

Non, l’histoire du Domaine des Possibles ne commence pas en 2023 !

Le Domaine de 9 ha est là, à Cortil, depuis 5 siècles en tous cas. Son existence est attestée depuis 1528 au moins, et le Domaine a connu des fortunes diverses et parfois mouvementées.

Dès 1528, le nom de la Ferme à la Dîme apparaît dans les sources historiques, qui signalent la présence sur le site d’une grosse ferme dépendant de l’Abbaye de Gembloux et dont la fonction était de récolter et de stocker la « dîme », c’est-à-dire l’impôt de 10 % prélevé sur les produits de l’élevage et de l‘agriculture.
Cette grosse ferme en carré figure sur de nombreux plans et cartes anciens et a subsisté jusqu’à la fin de l’ancien Régime et l’abolition de la Dîme, pour être vendue dès 1798 comme bien national, suite à la Révolution française.

Peu après, le domaine a été acquis par la famille du futur Bourgmestre de Cortil, Auguste de Brou de la Wastinne, qui sera maïeur de 1819 à 1872 ! Il fait abattre la ferme et se fait construire un petit château dans le domaine, dotant au passage le parc d’un magnifique arboretum dont les traces subsistent encore aujourd’hui. Le château sera lui-même détruit vers 1958, quelques vestiges subsisteront jusqu’en 1998.

Pendant et après la 1e Guerre mondiale, le domaine héberge des congrégations religieuses qui accueillent des enfants orphelins ou malades.

Dès 1922, l’ONE (Œuvre nationale de l’Enfance à cette époque) tout juste créée fait l’acquisition du Château de Cortil-Noirmont et du domaine pour y installer une « Colonie » pour 130 garçons de 6 à 14 ans, de faible constitution, dans le cadre de la lutte contre la mortalité infantile et les suites de la guerre. On y a finalement accueilli près de 180 enfants à la fois pour des périodes de 6 semaines à 6 mois, dont des enfants de moins de 6 ans.
Dès 1930, l’ONE fait construire dans le parc un dispensaire qui deviendra la crèche Houtman, du nom de son principal donateur. Un très bel exemple d’architecture « sociale » moderniste, due à l’architecte Maurice Haeck, qui privilégie la lumière, l’ensoleillement et les lignes simples.

Après la 2e guerre, l’ONE décide de remplacer le château par des bâtiments plus modernes, toujours présents aujourd’hui, et le château disparaît au fur et à mesure des travaux de construction. La « colonie » disparaît à son tour à la fin des années 1980 et le domaine est laissé largement à l’abandon.

En 1991, l’ONE veut vendre le Domaine mais les politiques de l’époque décident d’y installer un campus d’institutions publiques autour de l’enfance et du social. S’y retrouvent, l’ISBW, le CPAS, l’ONE, une Crèche (crèche modèle de l’ONE au départ, cédée à la commune ensuite), une Ecole communale.
Ensemble, ces institutions créent l’ASBL « Domaine de Chastre » pour la gestion du domaine. 

En 2000, les bureaux du comité subrégional de l’ONE quittent le Domaine.

En 2022, le domaine souffre de vétusté et est malaimé par ses occupants. L’ISBW, le plus gros partenaire déménage, le CPAS annonce son départ dans quelques années, le temps de construire ses locaux sur le site de la maison communale. 

C’est alors que la Région wallonne lance son appel à projets Tiers-Lieux Ruraux. On tente le coup. Ca marche ! Depuis 2023, un tiers-lieu rural s’installe à Chastre, le Domaine des Possibles.

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